DRH/salariés : des regards bien différents sur la souffrance au travail
Le dernier baromètre “Santé au travail” Malakoff Médéric/Psya met en avant des clivages importants entre DRH et salariés sur la perception de la souffrance psychologique au travail.

Les DRH estiment, comme les salariés, que le bien-être au travail est un levier pour améliorer les relations internes, attirer des talents ou encore doper la productivité mais, à la différence des collaborateurs, les professionnels RH n'observent pas d'augmentation des troubles psychosociaux. C'est l'un des enseignements du baromètre "Santé au travail" réalisé par l'Ifop pour le compte de Malakoff Médéric et de Psya. Les auteurs de cette étude, dont les conclusions définitives ont été rendues publiques le 21 novembre 2008, ont sondé 600 DRH et plus de 1 000 salariés.
Racines du mal
Ainsi, 38 % des DRH ont constaté, ces dernières années, une hausse des problèmes liés aux troubles psychologiques contre 84 % des salariés des grandes entreprises. Ces populations se rejoignent, en revanche, sur les révélateurs de cette souffrance. Elles citent principalement l'absentéisme (lire l'article de Miroir Social sur l'absentéisme à la mairie de Paris), les difficultés relationnelles entre collègues et l'augmentation des conflits avec la hiérarchie.
Concernant les racines du mal, DRH et salariés affichent des perceptions différentes. Inquiétude pour l'avenir professionnel, hausse de la charge de travail et multiplication des problèmes personnels sont, pour les DRH, les causes qui expliquent la souffrance psychologique. Les salariés citent, de leur côté, le besoin de reconnaissance (66 % contre 42 % des DRH), l'augmentation de la charge de travail et la multiplication des contraintes professionnelles.
Satisfaction et mal-être
Les résultats de ce baromètre confortent, par ailleurs, les conclusions de l'enquête Cegos sur le climat social publiée le 13 novembre dernier : les salariés sont satisfaits de leur travail (77 % des salariés des entreprises de taille moyenne et 72 % des grandes sociétés), mais ils mettent en exergue une progression du mal-être au bureau.
Des mesures de prévention peu visibles
« On remarque une très mauvaise visibilité des mesures de prévention des situations de mal-être, mises en place par les entreprises, auprès des salariés », soulignent, en outre, les auteurs du baromêtre. Dans les entreprises du middle market, 38 % des DRH affirment avoir déployé des mesures de prévention mais seulement 13 % des salariés les perçoivent. Dans les groupes, 46 % des DRH ont mis en place des mesures préventives perçues par seulement 20 % de leurs collaborateurs.
Pratiques managériales
Sur les actions à mettre en place en priorité, les DRH citent l'amélioration des pratiques managériales en première position, devant la mise en place de dispositifs facilitant l'organisation de la vie professionnelle et privée et la réorganisation des procédures de travail. Les actions privilégiées par les salariés concernent la réorganisation des procédures de travail, la prévention des risques psychosociaux et l'amélioration des pratiques managériales.
Enfin, la médiatisation des suicides au travail chez Renault, PSA Peugeot-Citroën ou EDF a laissé des traces chez les DRH : 70% d'entre eux estiment que ces actes désespérés peuvent concerner toutes les entreprises, contre 57 % en 2007.
J-F. Rio - K-RH, 21/11/2008